« Se perdre pour mieux se retrouver » dit-on….est-ce
vrai ? Je ne sais pas. J’ai passé toute ma vie à chercher qui je suis, qui
je devais être. En fait, j’ai passé toute ma vie à réfléchir sans « être »,
sans vivre réellement. Est-ce une vie ? Non, bien sûr.
J’ai commencé ma thérapie en écrivant pour moi-même. Vivant
un mal-être profond qui m’a ramené maintes et maintes fois dans la nostalgie d’une
enfance épanouie, heureuse. Je croyais à chaque fois avoir un début de réponse.
Je croyais à chaque fois panser ma plaie. Je ne comprenais même pas pourquoi je
devais ressentir un tel mal-être.
De toutes les personnes que je connais, je dois aboutir à la
conclusion, que moi, je n’ai pas de vraies raisons de me sentir mal dans la vie…cette
vie sans réel soucis. Sans réel soucis, mais justement cette impression que
rien ne se passe jamais. Et ce n’est pas ça, la vie.
Quand enfin, les choses viennent. Quand enfin, les choses de
la vie arrivent. Études, voyage, séparation, retrouvailles, découverte, rencontre,
mariage, naissance,….tout est chamboulé ! Je me sens débordée !
Tellement débordée que je n’arrive pas à suivre. Tellement débordée que je n’ai
en rien réagi comme j’ai prévu, comme j’ai longuement réfléchi.
Cette phrase me trotte souvent dans la tête : « Avant,
j’avais des principes. Maintenant, j’ai un enfant. » Il ne s’agit même pas
d’une histoire d’enfant ou de parentalité. Cela dit, la parentalité a révélé
des lacunes qui étaient déjà bien présentes depuis des années.
Je savais bien que quelque chose ne tournait pas rond. En
accumulant les échecs, et en ayant à chaque fois, la fuite comme réponse. Il
était temps d’admettre que quelque chose ne tournait pas rond.
Petite, je me sentais déjà spéciale. Beaucoup me
qualifiaient de « difficile ». Difficile parce que je ne savais pas,
depuis mon enfance, exprimer ce que je ressentais. Difficile parce qu’enfant,
déjà, je ne voulais pas me fondre dans la masse. Difficile parce que la
socialisation, je ne connais pas.
J’ai quelques flashs de mes premières années d’école…où je
ne comprenais pas l’être humain. Où je ne comprenais pas la nécessité de se
faire sa place,….en étant faux, ou en écrasant les autres.
L’école, c’est le lieu où j’ai découvert les vices, la
vilenie de l’être humain. Pourquoi ? Pourquoi avoir besoin de « jouer
un rôle » ? Pourquoi vouloir forcément briller en surjouant ce que l’on
est au fond de soi ? Pourquoi la convoitise, pourquoi vouloir ce qu’on n’a
pas ? Pourquoi la jalousie ? Pourquoi est-ce facile de rabaisser
plutôt que d’aimer ?
J’avais déjà probablement tout ça en moi, refusant de voir,
refusant de croire que j’aurais pu être aussi comme ceux que je juge être
mauvais. On y est, on y arrive. Là est bien un des maux qui ronge ce monde.
Nous pensons tous, absolument tous, que nous sommes meilleurs, que nous
détenons la vérité absolue, que notre façon de voir est la meilleure.
Et l’on se plait à avoir des opinions sur tout. L’on se
plait à juger. L’on se plait à voir ce que les « autres », ah ces autres,
font de mauvais. Et l’on aime bien critiquer. L’on se plait à croire qu’on fait
mieux les choses, bien mieux. On passe tous, ou à peu près tous par la même
chose, la même situation. On en oublie nos « struggle » (c’est le mot
qui me vient, pardon).
On en oublie nos difficultés, mais comme on s’en est sorti,
nous, l’on aime bien donner des leçons, qu’on va qualifier de « conseils »,
ou l’on aime bien comparer en disant « moi, quand j’ai eu ci, j’ai
fait ça ». Mais toujours prendre les autres de manière bien hautaine. Et
bien sûr, en oubliant que nous avons, nous aussi fait des erreurs. En oubliant
évidemment que ce n’était pas facile pour nous, non plus. Qu’on n’avait pas
toutes les réponses dès le départ.
Oui, il est temps de l’admettre. C’est facile de juger,
parce que ce qui fait de nous, un être humain, après tout, c’est ce besoin de
savoir qu’on est « bien », qu’on est qui on veut être. Et quelque
part, pour nourrir cet amour propre, on a besoin d’une échelle de comparaison.
Mais on fait fi de voir ce qui ne va pas chez nous. On va plutôt voir ça
ailleurs.
Oui, pourquoi pas ? Quand je compare et que je regarde
à côté de moi le mauvais fond de mon voisin, je me dis forcément que je ne suis
pas pire, non ? N’est-ce pas ce qu’on fait tous ? Mais on se garde de
le dire. Encore mieux, on nie faire ça, parce que nous ne sommes pas comme les
autres, nous. N’est-ce pas ?
Et voilà, que la découverte du pêché se révèle à moi. Toute
ma vie, je croyais faire de mon mieux. Toute ma vie, je croyais tout faire pour
être une bonne personne. Alors forcément, je me dis que, la religion, ce n’est
pas pour moi. Alors je me dis, que « seuls les faibles d’esprit croient en
ce qu’ils ne voient pas ». « Seuls les faibles d’esprit ont besoin de
divinité, pour se reposer, pour expliquer les échecs ou pour justifier leurs
actions, se faire justice dans leurs querelles ».
Non, croire en un Dieu, ce n’est forcément pas pour moi….parce
que moi je suis, profonde. Parce que moi je suis réfléchie. Parce que moi, je
me sens intelligente ! Que nenni ! Un des versets de la bible et qui m’a
le plus touché est celui-ci : « 1 Corinthiens 8:1 La connaissance
enfle mais la charité édifie » (àLa connaissance rend orgueilleux, mais l’amour
édifie)
Voici un autre verset qui me parle : « Jacques 4 :6
Dieu résiste aux orgueilleux mais il fait grâce aux humbles ». Pourquoi ça me touche tant ? Parce que,
pour moi, Dieu touche les cœurs en visant bien là où ça fait mal, en nous
montrant sans équivoque, mais avec amour, un de nos plus grands pêchés. Le mien : sans aucun doute, l’orgueil, la
fierté !
Un jour, alors que ma vie est devenue un vrai chaos. Alors
que j’en ai eu tellement marre de ne pas comprendre ma situation. Alors que j’en
avais plus qu’assez d’avoir autant de haines dans le cœur et d’être incapable
de m’en délivrer. J’en suis même arrivée à ouvrir un tableau excel pour garder
mes bonnes résolutions pendant 21 jours, mais rien n’y fait. Ça marche pendant
un temps, mais le naturel revient au galop, comme on dit.
Alors un jour, j’ai regardé le compte facebook de ma sœur,
dans lequel elle a partagé une vidéo. Ça faisait un moment qu’elle ne
partageait que des choses sur Jésus. Je trouvais ça louche. J’étais triste pour
elle. Je la croyais embarquée dans une secte. Et j’étais d’abord triste pour
elle.
Je ne sais pas ce qui m’a pris. J’ai probablement voulu
comprendre, comment ça se fait ? Elle qui avait un caractère bien à elle,
elle qui savait bien qui elle était, elle qui à mes yeux, était un modèle, elle
qui, en principe ne se ferait pas aussi facilement embobinée.
Alors j’ai regardé cette vidéo « The last reformation :
The life ». Dès le début du film, la plage, les gens qui parlent et
qui disaient n’importe quoi, des choses incompréhensibles pour moi. Ce n’est
pas possible. Ah, ça pour être une secte, c’est une vraie secte. Et puis je m’entends
réfléchir, ou plutôt j’entends une voix (mais quelle voix, la voix de ma
conscience ? qui ? quoi ?). Bref, j’entends cette voix me dire, « ne
juge pas, regarde d’abord ».
Au bout de 20 min de visionnage, je continue de me dire que
tout ça c’est du n’importe quoi. Mais je continue aussi d’entendre cette voix. « Ne
juge pas, regarde jusqu’au bout ». Puis à peine, 5 min après ça, je m’effondre.
Je fonds en larmes. Pourquoi ? Parce que je vois ces personnes se faire
baptiser de l’esprit, qui sont inondées de joie de ressentir ce qui semble être,
leur première expérience, de vraie liberté.
Et je pleure ! Je pleure comme un bébé. Je viens de
réaliser. Je n’ai pas compris pourquoi j’ai toujours voulu cette liberté et que
je refusais pourtant de la voir tout simplement. Pourquoi je me suis laissée
asservie par le monde. Pourquoi je m’enfermais dans la haine, dans la solitude
la plupart du temps. Et pourquoi je choisissais toujours la fuite dans tous mes
échecs.
Parce que oui, tous mes échecs viennent à l’origine de mon
mal-être vis-à-vis de mes relations à autrui. Mais aussi ce refus de croire que
moi aussi je peux avoir tort, que moi aussi je ne suis pas aussi géniale que ce
que je pense. Que je ne suis en rien la fille intelligente que je pense. Que toute
ma vie, je me suis parée d’une fausse humilité.
Oh oui, une telle fausse humilité. Dans ma vie, je croyais avoir
pour modèle, des gens simples mais intelligents, gentils et qui ne cherchaient
pas forcément à briller, à écraser mais à partager le bonheur, le rire, la joie
à contrario. Des gens authentiques, francs et qui détestent les tricheries. Qui
préfèreraient être derniers plutôt que de tricher. Et qui pourtant, arrivaient
sans effort à sortir du lot, à briller en étant juste eux-mêmes, et à être
premier sans forcément entrer dans la compétition. Alors je croyais, que parce
que j’admirais ces personnes, j’aurais été capable de me parer d’une telle
humilité, d’une telle simplicité, d’une telle authenticité.
Mais oh bel orgueil ! Oh grosse vanité ! On me
disait « hautaine », à l’école. J’ai voulu continuer de grandir en
masquant ce caractère hautain, en devant ultra-timide, en n’essayant surtout pas
de briller, en ne levant jamais la main à l’école. Mais derrière cette fausse
humilité pourtant, se cachait toujours cet orgueil énorme ! Me disant que :
« mais oui, vous pensez que je ne sais rien quand je ne dis rien. Ce n’est
pas pour autant que je suis nulle, bien au contraire ». Ah quelle fausse
humilité !
Cette fausse humilité qui m’a fait souffrir tant d’années. À
ne plus savoir qui j’étais, à ne plus savoir comment je dois être. À être la
plupart du temps, frustrée, de ne pas exister. ET voilà, j’ai trouvé l’origine
de mon mal-être. Ce mal-être profond qui m’a tant détruite !
Mais là, à ce moment précis de la vidéo. Je ne pense plus qu’à
moi. À l’amour que je refusais de me donner et pourtant que je nourrissais incessamment
d’orgueil déplacé. Cet amour-là, il est là. Il a toujours été là. Mais j’ai été
incapable de le voir. Me réfugiant dans la solitude. Refusant de me donner à
qui que ce soit.
Cet amour-là, ce n’est pas un amour que j’ai en moi et que
je me donnerais. Cet amour-là, c’est l’amour de celui qui m’a créé telle que je
suis et qui m’accepte sans conditions, telle que je suis, exactement comme il m’a
créé. Dieu. Jésus. Donnez un autre nom, qu’importe. Traitez-moi de folle, peu m’importe
aujourd’hui.
Il est venu me retrouver, moi qui me suis sentie perdue
pendant tant d’années. Je ne sais pas, je ne l’explique pas. Peut-être me
jugerez-vous comme j’ai premièrement jugé ma sœur. Mais aujourd’hui ça m’est
égal. J’ai tardé à écrire ce billet. J’ai tardé à raconter la suite de mon
récit….parce que, comme toujours, je me suis perdue dans ce que l’on pouvait
penser de moi.
Aujourd’hui ça m’est égal ! Aujourd’hui je suis plus,
je ne sais pas, je me sens comme lourde de ne pas avoir partagé jusqu’ici mon
témoignage. Lourde de me dire, aaaah, ça explique tellement de choses sur le
mal qui ronge ce monde. Sur, pourquoi il y a tant de haines. Et puis, oh Dieu,
pourquoi je t’ai tant accablé de tous les maux du monde, que si tu existais,
pourquoi tu laisses faire tout ça ?
Pourtant, il existe une réalité du monde, la réalité du
monde qu’on ne voit pas mais qui se ressent, qui se sent, qui se vit et qui
explique tellement tout. Si le monde est si mauvais, c’est que le mal existe.
Si Dieu existe, si le bien existe, c’est que le mal est là aussi. Nous sommes
dans une guerre, et l’on ne se rend pas compte, l’on perd notre temps à
accabler les jeunes chrétiens en les traitant de toutes sortes de nom, en
blasphémant un dieu auquel on nie pourtant l’existence. Et l’on se laisse pourtant influencer par la
haine, le dégoût de l’être humain. Et l’on prend la place de juge, tout le temps.
La guerre existe, la jalousie existe, la convoitise existe,
la mauvaise foi existe parce que le mal existe. Non pas que Dieu laisse faire.
Mais que peut-il faire lorsqu’on refuse même qu’il entre réellement dans nos
vies ? Que peut-il faire si l’on nie nos pêchés, si l’on perd notre temps
à dire, que le mal, ça vient toujours des « autres », ces autres,
jamais de nous.
Que peut-il faire si l’on passe notre temps à nous
victimiser. Dieu peut agir dans nos vies, uniquement, si on le laisse entrer
dans nos vies. Qu’importe le bien qu’on fait autour de nous, nos pêchés sont
nos pêchés. Qu’importe que ce soit pas aussi pire que celui du voisin. Un
pêché, c’est un pêché.
Reconnaître ça, c’est déjà ouvrir les yeux sur ce qu’on doit
déjà faire sur nous-même pour changer le monde. On ne change pas le monde en
voulant critiquer le monde et en jouant les je-sais-tout. On change le monde,
déjà, en voyant ce qu’on peut changer en nous. Mais sachant cela, même avec
tous les efforts du monde, avec toutes les techniques de développement
personnel (qui sont en passant, pour la plupart, piquées de la bible mais
reformulées à la façon du monde).
Avec tous les efforts qu’on veut, la vie reste la vie telle
qu’on la connait en face de nous, la mort reste la même mort pour tous. La
vraie paix, je l’ai eue en Jésus. Je suis, oh que loin, d’être parfaite. Mais
je commence, du moins, à sentir la haine s’en aller à petit pas, à tout petit
pas. Qu’importe, c’est un début. Je me suis retrouvée mais en partie….je sais
qu’aujourd’hui j’ai un Créateur, un Père que j’ai accepté comme mon sauveur et
dont je suis la fille. Je ne me sens plus aussi perdue…Gloire à toi seul,
Jésus !